L’axe central dans la Gymnastique Holistique…
Lorsque nous travaillons en gymnastique holistique nous envisageons le travail selon plusieurs orientations. Ces principes de travail ont été décrits par le Dr. Lily Ehrenfried dans son livre de « l’Equilibre du corps à l’équilibre de l’esprit »
Un des thèmes de travail décrit par le Dr. Lily Ehrenfried est l’axe ostéo-articulaire, ré-axation qui est surveillé lors de nos cours. Cet ajustement précis permet d’aligner les articulations les unes au-dessus des autres comme si on tirait de lignes horizontales et verticales. Les lignes verticales se prolongent par l’axe du pied (du milieu du deuxième orteil au milieu du talon) puis par les centres articulaires de la cheville, du genou et de la hanche pour le membre inférieur. Les lignes verticales du membre supérieur passent par le troisième doigt et les centres articulaires du poignet, du coude et les épaules.
On peut en Gymnastique Holistique – méthode du Dr.Ehrenfried travailler selon ces axes par divers mouvements qui restent dans cet alignement. Ces axes verticaux vont à leur tour permettre aux axes transversaux de s’équilibrer aux niveaux de la ceinture scapulaire et de la ceinture pelvienne. On constate donc à la fois un alignement et allongement dans le sens vertical mais aussi un ajustement des axes horizontaux : les branches pubiennes et les clavicules sont plus horizontales, ayant comme conséquence une ouverture du bassin et un positionnement des omoplates, plus bas et plus proche de la colonne vertébrale.
Ce qui est passionnant dans ce travail Ehrenfried c’est de trouver non seulement deux axes articulaires parallèles verticaux, mais un troisième axe très subtil profond, une forme d’axe centrale. Il ne s’agit pas de la ligne de gravité, qui tombe dans le polygone de sustentation entre les deux pieds, mais c’est bien une ligne parallèle à la colonne vertébrale, et bien antérieure, à celle-ci. Elle passe par le périnée à peu près au niveau du noyau fibreux central.
Cet axe virtuel, non anatomique prend appui sur le périnée et prend son origine dans le pôle céphalique. Ostéopathiquement parlant ceci pourrait correspondre à un prolongement fascial de l’insertion du pharynx sur la face exocrânienne de l’occiput et du sphénoïde par le fascia pharyngo-basilaire, fixé sur les épines du sphénoïde en dedans des foramens carotidiens, et sur les parties postéro-externes des bases des apophyses ptérygoïdiennes du sphénoïde.
De là, la suite fasciale va descendre vers le diaphragme en passant par le cou et le thorax.
Insertion de la membrane pharyngo-basilaire sur la face exocrânienne de l’occiput et du sphénoïde.
Le diaphragme a des liens anatomiques avec le muscle Psoas-Iliaque. Ce dernier est recouvert par une aponévrose fasciale, le fascia iliaca ou aponévrose du Psoas-Iliaque qui descend sur toutes les vertèbres lombaires vers le bassin, sur la base du sacrum, le détroit supérieur. Dans son trajet vers le Grand Trochanter le fascia iliaca a un lien dans la fosse iliaque interne au niveau du détroit supérieur avec le périnée par l’intermédiaire de l’aponévrose de l’obturateur interne et l’aponévrose pelvienne qui recouvrent les muscles releveurs de l’anus.
Tout le système de cloisonnement fascial du petit bassin va prendre appui sur le noyau fibreux central.
Par quel moyen pouvons-nous recruter cet axe central dans la Gymnastique Holistique-méthode du Dr. Ehrenfried®?
Soit nous utilisons des mouvements qui sont dans l’alignement des axes verticaux, soit des mouvements le long des axes horizontaux, soit les deux à la fois.
Exemples de mouvements dans l’alignement des axes verticaux
Le mouvement du « Repousser des pieds dans le sol » : c’est une voie directe à partir des appuis des pieds dans le sol, avec une intention du mouvement vers le haut du corps. Nous sommes installés sur le dos, les deux jambes sont fléchies, les deux pieds posés sur le sol, écartés de la largeur de son propre pied.
La consigne : sur l’expiration, repousser les pieds dans le sol et laisser passer ce mouvement dans le corps. Les forces de réaction à l’appui des pieds dans le sol partent de l’astragale et suivent l’alignement des articulations en direction du haut du corps en passant par le périnée Elles s’engagent alors cette voie centrale.
Le mouvement du « Repousser des pieds dans le sol avec une balle entre les genoux » va par excellence recruter en totalité les axes verticaux et l’axe centrale du corps. La position du départ est presque la même que pour le mouvement précédent sauf que les pieds sont joints et que nous avons ajouté un accessoire, une balle en mousse, entre les genoux.
La consigne est la suivante : repousser sur l’expiration les deux pieds dans le sol et serrer la balle entre les genoux et laisser passer le mouvement où il se fait dans le corps. Nous percevons deux lignes verticales, y compris celles des membres supérieurs, et cette voie médiane où le périnée avec son noyau fibreux central est engagé.
Le mouvement « Egrener le collier de perles», ou on décolle du sol et repose une à une les vertèbres, va dans le même sens.
Exemples de mouvements dans l’alignement des axes horizontaux
« L’ouverture du bras en décubitus latéral » sollicite cette ligne centrale qui passe autour de l’hémi-corps. Ceci présente une voie d’accès indirecte, sollicitant les transversales qui vont prendre appui sur les verticales du corps.
Au départ nous sommes installés en décubitus latéral, les deux genoux sont fléchis, posés l’un sur l’autre, à la hauteur du bassin, à l’angle droit par rapport au tronc. Les pieds sont dans l’alignement des jambes, perpendiculaires aux cuisses. La tête est posée sur une briquette en bois. Les bras sont posés l’un sur l’autre, allongés devant soi.
La consigne : laisser monter le bras du dessus sur l’inspiration à la vertical et le laisser revenir dans sa position de départ. (L’axe horizontal se dessine du bout des doigts d’une main aux bouts des doigts de l’autre.) Nous reprenons le mouvement plusieurs fois et revenons à la position de référence, sur le dos. Nous percevons la différence entre le côté travaillé et l’autre avant de faire le même mouvement sur le deuxième côté.
La ligne centrale apparaît dans notre perception. Elle est présente de la tête au bassin. Nous avons aussi conscience de l’allongement de l’hémi-corps et de l’ouverture des transversales (clavicule branche pubienne) soit du côté du corps travaillé, soit de l’autre.
Exemples de mouvements dans l’alignement des axes verticaux et des axes transversaux
« L’ouverture du pli de l’aine et le bras au zénith »
Nous sommes installés sur le dos, jambe droite fléchie, pied posé au sol, jambe gauche allongée. Du côté de la jambe fléchie, le bras monte à la vertical, l’autre est le long du thorax.
Consigne : monter le bras droit au zénith sur l’expiration en repoussant le sol avec le pied droit, de façon à déplier le pli de l’aine. Puis le redescendre et poser l’omoplate ; la jambe revient dans sa position initiale. Le mouvement va se faire lentement à plusieurs reprises. Lors de la comparaison gauche/droite, une multitude des sensations émergent. Les effets se font sentir le long de l’axe vertical du corps du côté travaillé ; l’axe transversal pubien et claviculaire est ressenti et la perception de l’axe centrale est bien présente. Nous avons à la fois la présence de l’axe ostéo-articulaire de hémi-corps travaillé, l’axe central qui prend son appui sur le périnée, et la mise en jeu des transversales.
Cette notion d’axe central est un outil précieux.
Rechercher sa structuration permet d’aligner les structures osseuses, avec ses attaches musculo-ligamentaires ayant comme répercussion une harmonisation viscérale profonde. Toute l’harmonisation, la structuration, la détente profonde, la tonicité, la récupération physique, le bien-être physique et psychique qui résultent de ce travail de gymnastique holistique-méthode du Dr. Ehrenfried sont basés sur cette alternance de mise en jeu des verticales et horizontales du corps.
Rédigé par Christiane Boutan-Laroze