Les origines
La gymnastique holistique (« holos », du grec « entier ») est un travail corporel global. Cette gymnastique trouve ses origines dans un travail élaboré en Allemagne dans les années 1910 par Elsa Gindler et ses précurseurs. Pour Elsa Gindler c’était un travail sur l’homme, un travail de vie.
Elsa Gindler et ses précurseurs, ces femmes pionnières, ont élaboré un système gymnique global qui fait appel aux capacités intrinsèques du corps de retrouver son fonctionnement (axe) naturel, une posture équilibrée et une mobilité naturelle.
Le Dr. Lily Ehrenfried et Alice Aginski furent élèves d’Elsa Gindler. Elles ont introduit et continué son travail en France, en apportant chacune leur contribution à la diffusion de ce travail.
Madame Ehrenfried a publié en France un livre où elle expose les principes de son travail : Gymnastique holistique « De l’éducation du corps à l’équilibre de l’esprit » Editions Aubier.
Madame Aginski est l’auteur de deux ouvrages : « Sur le chemin de la détente » et « La rééducation fonctionnelle guidée à partir du chemin de la détente » Editions Trédaniel.
Voir aussi « Le regard ostéopathique sur la gymnastique holistique-méthode du Dr.Ehrenfried », mémoire rédigé pour l’obtention de DO d’ostéopathie.
Les Pionniers
Eléments de l’histoire de la Gymnastique Holistique – méthode du Dr. Ehrenfried
La Gymnastique Holistique –méthode du Dr. Ehrenfried s’inscrit dans la mouvance des gymnastiques douces, mais elle n’est pas qu’une simple gymnastique. Les expériences du corps, leur perception, la prise de conscience de soi, la compréhension du mouvement et le circuit du mouvement en soi, permettent à l’être humain d’évoluer à partir de l’entité qu’est le corps.
Historiquement cette recherche trouve son origine auprès d’Elsa Gindler. Cette Berlinoise, a intégré dans son travail tout l’apport de ses prédécesseurs dont le plus ancien est François Delsarte, chanteur français du 19ème siècle. Ce professeur de chant et d’art dramatique (dont la voix fut abimée par l’enseignement au conservatoire), a développé un système d’expression artistique destinée aux chanteurs, acteurs, orateurs. On lui doit les lois d’expression libre dans le mouvement, les notions de tension et détente. Les théories de Delsarte arrivent aux Etats-Unis par son élève américain James Steele MacKaye qui œuvre dans le domaine de la pantomime et du théâtre. Les lois de Delsarte et le principe de trinité sont repris et enrichis par Geneviève Stebbins, actrice américaine et élève de MacKaye. Parallèlement à la pantomime et à l’art oratoire, elle intègre dans son travail la gymnastique suédoise et développe une forme de gymnastique esthétique. Elle pose les fondements de la recherche de l’équilibre du corps lors du mouvement ou lors de la position harmonieuse immobile. Elle souligne déjà le rapport entre corps et psyché, et se rend compte de l’aspect thérapeutique de certains mouvements.
Une Allemande, Hedwig Kallmeyer, futur professeur d’Elsa Gindler, vient se former auprès de Stebbins aux Etats-Unis et introduit cette recherche autour du corps en Allemagne. Hedwig Kallmeyer ajoute tout un travail portant sur le périnée et transmet ses connaissances aux futurs thérapeutes du corps (« Leibpädagogen ») dont Elsa Gindler.
Gindler à son tour intègre dans son enseignement l’art de respirer, l’art de chanter transmis par Kofler, organiste autrichien, vivant aux Etats-Unis, et les connaissances de l’école de Schlaffhorst et Andersen (Clara Schlaffhorst et Hedwig Andersen étaient deux élèves allemands de Kofler aux Etats Unis, avant d’introduire le travail respiratoire et de la voix en Allemagne).
Très vite Elsa Gindler met à jour un travail très subtil agissant sur le plan physique et psychique. Dans son approche, elle s’intéresse à la globalité de l’être humain. Tout devient centre d’intérêt : l’environnement, le travail, le quotidien ; ce qui permet de rester curieux, ouvert à soi et aux autres. Dans ses cours, elle guide ses élèves dans l’expérimentation du corps, les amenant à des prises de conscience :
- De quoi êtes- vous conscients maintenant ?
- Laissez faire le changement en vous !
- Soyez ouverts !
Le but d’Elsa Gindler est de donner aux élèves la capacité d’acquérir à partir des mouvements gymniques les connaissances des fonctions du corps, et de leurs effets sur leur comportement. Des gens de tous les milieux ont étudié avec Elsa Gindler depuis le début de son enseignement en 1917.
L’une de ses jeunes élèves, Lily Ehrenfried, la rencontre chez Kallmeyer et l’incite à ouvrir sa propre formation.
Elle participe à sa première formation avant d’obtenir sa thèse de médecine en 1927, tout en donnant elle-même des cours de gymnastique. Elle quitte l’Allemagne en 1933 et arrive en France où on ne l’autorise pas à exercer en tant que médecin. Elle obtient un certificat de kinésithérapeute auprès de Boris Dolto, qui lui permet de dispenser des cours de gymnastique.
Après 1947, elle transmet progressivement le travail acquis auprès d’Elsa Gindler à des professionnels de santé en y intégrant ses propres connaissances et en s’orientant d’avantage vers la kinésithérapie.
Le travail d’Elsa Gindler s’est perpétué à travers le monde ; et on trouve ses traces dans différents domaines (danse, psychothérapie…).
En France, où il a été enseigné non seulement par Lily Ehrenfried, mais aussi par Alice Aginski et Hanna Salomon, il a pris le nom de « Gymnastique Holistique ».
L’arbre généalogique ci-dessous (se rapporter à l’arbre généalogique)) essaye de retracer les liens existants entre les différentes personnalités. Il est intéressant de noter comment chacune d’elles a apporté sa pierre à l’édifice : transformant et transmettant le travail de ses prédécesseurs en fonction de ses propres expériences et de sa propre sensibilité, créant ainsi une dynamique et une ouverture indispensables à la poursuite de cette approche, qui est aussi une philosophie, un travail sur l’être humain.
D’autres noms auraient pu être cités, mais nous nous sommes limités volontairement par souci de clarté aux personnalités les plus connues.
Texte et Tableau de l’arbre généalogique élaboré par Christiane Boutan-Laroze